Des fêtes qui sentent bon le terroir |
En Guadeloupe, les fêtes sont de vrais "bains culturels" et associent étroitement musique, jeux et art culinaire. Sans méconnaître la popularité des fêtes de la Toussaint illuminant les cimetières et la pléthore de fêtes patronales incendiant chaque commune du papillon, les fêtes du carnaval, de la Noël, Pâques et Pentecôte sont les plus courtisées.
Le carnaval : symbole du
métissage culturel |
Le carnaval tire son origine du
syncrétisme culturel entre des éléments européens et
africains. En Guadeloupe, il se prépare plusieurs semaines à
l'avance dans chaque commune par les élections des reines, les
concours de chansons ou de danse endiablée. Les enfants en plus
des défilés scolaires qui leur sont proposés, participent à
la fête et se travestissent menus de masques et de vieux bidons
le dimanche arrêtant les automobilistes pour prélever la dîme
du carnaval. Il n'est pas rare de voir les premiers cortèges
défiler dans les rues le dimanche, dès le mois de janvier,
après l'épiphanie. L'apogée est cependant atteinte du vendredi
soir au mercredi des cendres. C'est l'apothéose des défilés
bariolés dans lesquels les belles guadeloupéennes paradent dans
leurs plus beaux costumes, des chars plus ou moins sophistiqués,
des danses endiablées qui se rejoignent dans un même rythme et
une même euphorie. Le mardi gras, les petits diables rouges
embrasent les rues bondées de Pointe-à-Pitre et de Basse-Terre. Le lendemain, la foule travestie en noir et blanc en
signe de deuil, brûle l'effigie du roi Vaval dans un
déferlement de danses et de chansons.
Les masques sont omniprésents. Parmi les plus en
vogue citons le Mass A con'n dont le costume est
fait de feuilles de bananier séchés. Il est retenu par une
corde ou par une chaîne et une tente par tous les moyens de
s'échapper. Autres masques redoutés, les "Mas A
kongo", les "mas a lanmò"
qui le soir venu au son des tambours, enveloppés dans de grands
draps blancs et munis d'épingles pourchassent tous les individus
encore dehors. Sans commune mesure avec le carnaval brésilien,
certains individus peu scrupuleux profitent de leur
"déguisement" pour régler des comptes. Le mercredi
des cendres lors de l'enterrement de sa majesté
"vaval" où le noir et le blanc sont de rigueur, il y
règne un double sentiment de joie et de douleur. Ambiance
festive avec l'omniprésence dans les rues de Pointe-à-pitre et
de Basse-Terre d'une musique térébrante qui vous prend aux
tripes contrastant avec le noir et blanc symbolisant le deuil.
Dans ma commune Pointe-Noire, située en Basse-Terre, rien n'est
laissé au hasard pour brûler "vaval" : un prêtre,
des surs, des fidèles éplorés au corps couverts de
farine. Le parking municipal servant de lieu d'inhumation de sa
majesté "vaval".
La musique effervescente du carnaval s'appuie sur une kyrielle
d'instruments à vent, à percussion. Citons le fameux "Konk
A Lambi" servant jadis aux esclaves de
moyen de communication pour fomenter des révoltes, Le Tiyobanbou
(tuyau de bambou), Siyak Tanbouras (tambour plat et rond) et le
bon vieux chacha.
Autre attraction, le Neg
gwo siro, figure emblématique du
carnaval guadeloupéen.Après les obsèques de sa majesté
"vaval", le carême s'installe, et peu à peu, la joie
du carnaval devient un souvenir lointain. Heureusement, la
mi-carême à mi-temps entre le carnaval et pâques, les
célébrations carnavalesques reprennent vie pendant un jour.
Journée des diables rouges et noirs, tout le monde s'habille
ainsi pour marquer la résurrection de vaval.
La Noël à l'ancienne |
Malgré la commercialisation
grandissante de cette fête chargée d 'histoire, certains
"résistants" s'attachent loin des bûches et autres
marrons glacés importés à perpétuer les éléments
authentiques de ce moment privilégié.
La veillée du 24 décembre est l'une des plus belles de
l'année. Les familles se regroupent pour manger, chanter et
danser.
Aujourd'hui, la tradition des chanté-Nwel revient en
force, et, dès le mois de novembre, on se retrouve en famille
pour chanter les cantiques.
Le plat traditionnel de Noël est toujours le ragoût de cochon
accompagné de riz blanc, d'ignames, de jambon salé de porc, de
bananes ou de sirop de groseille, une boisson sirupeuse sans
alcool, du schrubb, liqueur d'écorces d'orange.
Pâques et Pentecôte au bord de l'eau |
Ces fêtes traditionnelles se déroulent sur les plages ou bien au bord des rivières les Lundis de Pâques ou de Pentecôte, hors saison touristique. Au centre de ces fêtes se trouvent le crabe. Les familles arrivent très tôt sur les plages afin de trouver une bonne place pour installer les tentes. Vers dix heures, c'est l'heure du didiko, petit déjeuner : salade de concombres avec chiktay de morue pour les adultes, après avoir bien évidemment pris un dékolaj, premier verre de rhum, suivi d'un"amortisseur" classique : koko-alo, eau de noix de coco. A midi, c'est l'heure de déguster le fameux matété ou matoutou de crabes. Plats constitués de morceaux de crabes de terre accompagnés de riz ou de farine de manioc.